Un qui veut traverser / lecture
Un qui veut traverser se fait le porte-parole de tous ceux qui cherchent à franchir les mers. Entre ceux qui veulent traverser et ceux qui renoncent, dans l’anonymat ou le brouhaha, dans la vie secrète des plages nocturnes, dans la violence des transactions, le récit sans cesse recommencé emporte l’auditeur comme le flux des vagues.
Texte, mise en scène et jeu : Marc-Emmanuel Soriano, co-mise en scène : Esther Marty-Kouyaté, création sonore : Sigolène Valax.
Avec la participation d’Antonio Kinvuidi (conteur et poète) et de la librairie Le Cyprès
VENDREDI 18 NOVEMBRE À 20H À LA MÉDIATHÈQUE JEAN JAURÈS À NEVERS
Entrée libre sur réservation : 03 86 68 48 50. Tout public à partir de
14 ans
Biographie de l’auteur
La fuite, l’errance, la traversée étaient déjà présents dans la relecture d’une parabole biblique (L’enfant Prodigue) , ou dans une pièce sur les nouvelles formes d’exclusion sociale, (X-Y-Z vagabonds ),, y compris enfantines, (L’autre Côté ), pièces publiées chez l’Harmattan. Avec Un qui veut traverser , il s’agit d’évoquer le combat des populations « déplacées ». Dans ce chantier qui est toujours en cours (deuxième partie : Le parlement des forêts , résidence d’écriture avec le Rwanda Art Initiative à Kigali) le pari repose en partie sur l’ambition de transmettre des expériences intimes sans caractérisation individuelle de personnages, en privilégiant la dimension anonyme et collective des acteurs de ce combat.
Plusieurs pièces inédites de Marc-Emmanuel Soriano sont le fruit de collaborations avec différents metteurs en scène, comme Christophe Laluque ou Marc Baylet-Delpérier. Il prépare avec le premier une pièce sur le rétrécissement du vivant, Jusqu’au dernier , et avec le second il poursuit l’écriture d’un texte sur l’art du combat, qu’il interprétera.
Enfin il collabore avec le collectif de photographes Le Bar Floréal pour la Ville de Mitry-Mory (projet conçu par Didier Robbe).
En 2016 il entamera une résidence en Auvergne où il croisera son travail avec celui d’un musicien.
Extrait
« non, sur une plage il y en a un qui s’allonge dans le sable frais du soir, qui s’allonge pour goûter un peu de temps à l’état pur, ressemblant déjà à son propre gisant, mains repliées sur l’abdomen, qu’on viendrait veiller et prier parce que tout ça se serait terminé là, à force d’épuisement, sur cette plage où son corps aurait capitulé, se serait terminé là comme souvent, par mort ou par blessure, dès le prologue, courte tragédie, contraire aux espoirs du public, avec un autre s’approchant, un autre l’ayant vu de loin tomber de tout son long, un autre qui sait à qui il a à faire, un autre qui va devoir, un autre qui pourrait ne pas, un autre dont c’est devenu la tâche, faire en sorte que l’histoire continue, que le héros soit un héros, qu’il triomphe, épreuves après épreuves, qu’il revienne dans son village couvert de gloire et de dollars, qu’il fasse de son clan un clan respectable, car il n’a plus le choix, il ne peut plus revenir, pas plus que l’autre n’a le choix de ne pas l’aborder, de ne pas gâcher cet instant réparateur, de ne pas le faire sursauter, de ne pas lui demander ce qu’il fait là »
17 Rue Jean Jaurès, 58000 Nevers, France